« Je peins la matière, je la souligne.
Je gratte les couches, j’en retire, j’en rajoute. J’ai des mains de sculpteur et je veux laisser voir la matière comme une trace de mon passage. Je veux qu’elle sorte de la toile, que le vivant se forme, s’anime.
Je suis un être organique. J’avance nu, porteur de cellules et de peau sans jamais me laisser prendre par les pièges de l’art cérébral. Je pétris, je sculpte, je couds.
Je prends la route à tracer et j’explore à travers la toile le monde que je construis.
Le pinceau, la couleur, la matière naissante me guident ; j’ai des battements de cœur à fixer sur le support de mes émotions.
Je pétris mes jours en autant de formes à venir. Je découvre les pans de ma vie qui reviennent à la lumière et reposent sur la toile.
Ce repos est une illusion car jamais je n’envisage de m’arrêter. »
Alfred de Ville de Goyet